La démarche de demande d’enregistrement d’une certification auprès de l’un des Répertoires Nationaux est à la fois longue et passionnante : elle nécessite de penser chaque détail de l’ingénierie certificative et du processus d’évaluation des compétences. Elle interroge également la légitimité du porteur de projet à devenir certificateur et fait faire un exercice de recherches et d’argumentation pour démontrer l’opportunité économique et sociale de ce projet.
Après de longs mois de travail et d’attente, lorsque la bonne nouvelle tombe, c’est la joie et l’allégresse ! Mais passée la phase des félicitations, vient le temps du vrai début de l’aventure du certificateur.
Celle-ci nécessite beaucoup de rigueur et d’implication pour faire vivre et pour renouveler la certification à l’issue de sa durée de validité.
Voici un petit tour d’horizon de ce qui devra être mis en œuvre sans attendre pour assurer la pérennité de la certification.
Appliquer à la lettre tout ce qui a été inscrit dans la procédure d’assurance qualité
En effet, le contenu d’une procédure d’assurance qualité n’est pas une figure de style. Il convient d’appliquer à la lettre tout ce qu’elle prévoit afin de répondre aux exigences réglementaires.
Il appartiendra, par exemple, au certificateur :
- d’organiser les sessions de certification à la suite des formations ;
- de structurer et de contrôler son réseau de partenaire le cas échéant ;
- d’envoyer les convocations aux candidats et aux jurys ;
- de transmettre les parchemins ;
- de mettre en place son offre de formation certifiante sur EDOF ;
- de suivre les titulaires et de mesurer les bénéfices de la certification et des compétences acquises dans leur parcours professionnel ;
- de suivre les évolutions du marché du travail et du secteur d’activité visé afin d’envisager des mises à jour de la certification.
Se doter de moyens pour piloter son activité de certificateur sereinement
Faire vivre la certification est un travail à part entière. Tous les certificateurs ne drainent pas le même volume d’activité mais quel que soit ce dernier, il convient de fixer les moyens dédiés au pilotage de cette activité : outils, fonction(s), répartition des tâches, calendrier… tout doit être anticipé afin de ne rien oublier des tâches inhérentes à cette nouvelle responsabilité, et surtout de générer les éléments de preuve à conserver en cas de contrôle ou de réclamation.
Petit rappel au passage : un parcours certifiant engage les apprenants à s’inscrire aux épreuves certificatives… ce qui nécessite du certificateur de faire le nécessaire pour que les candidats aillent jusqu’au bout du process. L’enjeu est de taille : pas de présentation aux épreuves, pas de mesure pertinente de la pertinence de la certification. En effet, sans retours sur l’impact de celle-ci, comment justifier son renouvellement ?
La clé de la réussite est un suivi scrupuleux en temps réel, qu’il s’agisse de la gestion administrative, du suivi des titulaires, des réunions et autres conseils de perfectionnement et production des compte rendus de celles-ci.
Contrôler son réseau de partenaires
Construire un réseau de partenaire, habilités à former et/ou organiser les épreuves certificatives, est un beau projet. Non seulement le réseau renforce le déploiement de la certification, constituant en ce sens une réponse à un besoin en compétences sur l’ensemble du territoire, mais peut s’avérer être un modèle économique intéressant. Cette perspective ne doit cependant pas l’emporter sur une certaine réalité : les membres du réseau doivent respecter à la lettre les process du certificateur. À travers chacun d’eux, il engage sa responsabilité !
Des manquements de sa part ou de celles des partenaires risquent de conduire à un déréférencement de la certification.
Procéder à l’accrochage des alumni
Qui dit formation certifiante dit, comme évoqué plus haut, évaluations de compétences. Elles ne sont pas optionnelles. Une proportion de candidats trop faible ou inférieure au nombre de formés interroge sur la pertinence même de la certification.
Pour les candidats qui réussissent, le certificateur doit procéder à “l’accrochage” des titulaires auprès de France Compétences dans les trois mois qui suivent les délibérations de chaque session.
Il s’agit d’un tableau à compléter dans le détail (le document n’admet pas la moindre erreur de saisie) et à convertir en xml. Là encore, l’assiduité et la rigueur sont de mises.
Se préparer au renouvellement
Rien n’est acquis, c’est d’autant plus vrai en matière de certification. France Compétences procède aux enregistrements pour une durée limitée (maximum 5 ans). Il convient donc de surveiller le calendrier et d’anticiper la demande de renouvellement (temps de travail et délai d’instruction oblige), pour mettre à jour son dossier et démontrer le vécu de la certification. Il s’agit au final d’une nouvelle demande d’enregistrement, avec toutes les justifications du vécu de la certification depuis le(s) enregistrement(s) précédent(s). Quand démarrer la préparation au renouvellement ? Le jour de l’enregistrement de celle-ci !
En bref, vous l’aurez compris, faire enregistrer une certification au RS ou au RNCP n’est pas une fin en soi : ce n’est que le début de l’aventure.
Devenir certificateur n’est pas la résultante d’une démarche administrative. Devenir certificateur c’est être un acteur à part entière, qui engage sa responsabilité, en garantissant la maîtrise de compétences professionnelles sur le marché du travail. Il en résulte un rôle, ou plutôt une mission, qu’il s’agit d’endosser sérieusement et fièrement !
Article publié et rédigé sur Digiforma